Témoignage de Marine en licence et master Administration publique en apprentissage
Pour Marine, théorie rime avec pratique. Après un DUT Carrières juridiques, elle a trouvé chaussure à son pied au CFA SACEF, où elle a suivi une licence et un master en administration publique. Ses cinq années d’apprentissage lui ont permis d’acquérir une grande expérience professionnelle et de se préparer aux concours de la Fonction publique.
Quel parcours universitaire avez-vous suivi ?
Mon parcours est assez rectiligne, j’ai commencé avec un DUT Carrières juridiques en apprentissage, et à partir du moment où j’ai découvert les bienfaits de l’alternance, il fallait continuer dans cette voie ! Pour la licence, je cherchais une formation dans le domaine du droit public et du droit administratif, puisque je voulais faire ma carrière là-dedans. J’en ai trouvé qu’une seule, du moins à cette époque en Île-de-France, c’était la licence Administration économique et sociale du CFA SACEF en apprentissage. Ensuite, j’ai eu la chance que le master Administration et management publics s’ouvre en apprentissage : j’ai fait partie de la première promotion qui a bénéficié de ce master en apprentissage avec le CFA SACEF.
Vous avez fait cinq ans d’apprentissage. Pourquoi avez-vous choisi cette voie ?
J’ai fait un Bac S, spécialité sciences de l’ingénieur. La particularité de cette filière est de réaliser essentiellement des travaux pratiques, et c’est ce que j’aimais. Cependant, je ne voulais pas continuer dans cette voie, mais dans le droit. La carrière que l’on propose à la sortie du Bac est l’université, sans évoquer une seule fois l’apprentissage. J’ai commencé une licence de droit et au bout de deux mois je n’ai pas pu continuer. C’était purement théorique, il me manquait ce côté pratique que j’avais connu. J’ai donc décidé d’arrêter, j’ai attendu la rentrée suivante et c’est ainsi que j’ai débuté mon DUT Carrières juridiques en apprentissage en IUT.
À partir du moment où j’ai découvert l’apprentissage, j’ai trouvé un intérêt à apprendre mes cours, qui pourtant étaient un peu différents de ce que je pouvais faire en entreprise, mais je me sentais utile, je voyais que je pouvais avoir un diplôme et une expérience professionnelle en même temps. À partir du moment où j’ai découvert l’apprentissage, j’ai trouvé un intérêt à apprendre mes cours ».
Vous avez fait deux apprentissages avec le CFA SACEF, où les avez-vous faits ?
J’en ai même fait trois, car, en master, j’ai eu l’opportunité de changer de service entre la première et la deuxième année. Cela m’a été très utile pour les concours de la Fonction publique que j’ai passés ensuite.
J’étais au sein du ministère de l’Intérieur, à la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN) au sein d’une direction opérationnelle. J’ai commencé par une Division sur la prévention : j’y ai alors découvert le côté préventif du policier. Cette année-là, mes tâches étaient limitées et j’avais besoin d’en apprendre davantage ! Donc, on m’a proposé de changer de thématique en me proposant une Division sur l’ordre public, c’est-à-dire l’autre domaine policier, à savoir le côté répressif. Il s’agit donc de deux divisions différentes mais complémentaires au sein d’une même direction.
Pour la licence, même s’il s’agissait d’une licence d’administration publique, j’ai fait l’apprentissage dans une société privée qui réalisait des expatriations et des immigrations salariales. On avait des liens avec l’administration publique, puisqu’on avait des relations avec la Sécurité sociale, les consulats, la DIRECCTE, l’OFII, etc., mais cela restait tout de même limité. C’est pourquoi pour le master mon ambition était de trouver mon apprentissage au sein d’une administration.
Quelles missions avez-vous pu mener ?
En licence Administration publique, j’étais consultante pour le service d’immigration salariale. J’élaborais les dossiers d’immigration pour les personnes venant travailler en France (autorisation de travail, demande de visa, de titre de séjour, de Sécurité sociale…).
En master Administration et management publics, même si les thématiques étaient différentes, j’ai travaillé comme consultante juridique et assistante de coordination dans une direction compétente sur des ressorts territoriaux regroupant plus de 26 millions d’habitants.
Dès qu’une loi concerne le domaine policier (aussi bien du côté préventif que répressif) il faut étudier sa mise en application dans les services. Il y a de nombreuses questions à se poser avant d’effectuer les changements sur le terrain. Il y avait également beaucoup d’interrogations de la part de parlementaires ou d’usagers, notamment sur le déploiement des policiers en France. J’ai ainsi pu participer à la mise en œuvre de doctrines d’emploi des moyens, à l’évaluation des besoins au bénéfice des services territoriaux dans le cadre de l’ordre public ou de la prévention, j’ai aussi réalisé des analyses et élaboré des réponses à la signature du ministre de l’Intérieur ou du directeur central de la sécurité publique.
Une grosse partie de mon travail concernait également les statistiques, notamment dans le cadre des politiques publiques, pour avoir des données chiffrées.
Comment avez-vous été accompagnée par votre conseillère professionnelle du CFA SACEF ?
J’ai été suivie par mon conseiller professionnel du CFA Sacef.
Son rôle a été très utile pour la rédaction du CV et des lettres de motivation, la base pour trouver un apprentissage. Elle nous a également rassurés, car on avait trois mois pour conclure un contrat. Si ce délai venait à être dépassé, on savait quelle en serait l’issue… On a besoin de soutien à ce moment-là ! Elle nous a suivis pendant toute l’année, pour savoir si tout se passait bien, si tout allait bien avec le maître d’apprentissage, si on pouvait améliorer des choses. Ça a été exactement son rôle lorsqu’elle est venue dans la première division, elle avait fait un entretien avec mon maître d’apprentissage et d’autres collègues et on avait mis en place les futures missions qui pouvaient m’être proposées.
La figure de la conseillère professionnelle du CFA SACEF a été primordiale pour rassurer les entreprises et les administrations« .
De plus, ce master en alternance était une nouveauté pour le CFA SACEF, elle nous a beaucoup aidés pour comprendre comment cela allait se passer. Chose très importante, sa figure a été primordiale pour rassurer les entreprises ou les administrations : on est parfois leur premier apprenti, il faut donc leur expliquer quel est le rôle de l’apprenti et du CFA, leur faire comprendre ce qu’un apprenti peut leur apporter, même si ce n’est pas forcément évident. Au sein du ministère de l’Intérieur, lorsque j’annonçais que j’étais apprentie dans le supérieur, on me regardait avec de grands yeux, car, pour eux, l’apprentissage se faisait uniquement dans les filières techniques, sans que cela ne puisse dépasser le Bac. La conseillère est donc très utile pour expliquer l’utilité du dispositif !
Quels liens avez-vous pu faire entre la formation théorique et l’apprentissage ?
L’énorme avantage du CFA SACEF – ce qui n’était pas le cas avec l’IUT par exemple –, c’est que la formation est faite en partenariat entre l’université de Poitiers et le CNED [Centre national d’enseignement à distance], donc on avait des cours par correspondance. On recevait les livres d’enseignement directement à la maison, mais on avait quand même la grande chance d’avoir des intervenants qui venaient nous expliquer les cours. Un travail personnel devait donc être effectué à la maison, tout en sachant qu’on bénéficiait également d’un appui majeur de ces intervenants qui venaient dans les locaux du CFA pour nous expliquer ces matières, nous faire faire des exercices, répondre à nos questions. Moi j’apprends énormément en lisant et le fait d’avoir des livres a été très utile. Si on était absents ou malades, on avait quand même les cours à notre disposition. Cela m’a été d’une grande aide aussi pour préparer les concours de la Fonction publique, pour pouvoir me faire des fiches. Pouvoir bénéficier de ce dispositif a été une bonne opportunité. Les intervenants peuvent aussi bien être des enseignants-chercheurs de l’université de Poitiers que des professionnels. C’est utile de se confronter à des personnes du terrain, de savoir quelles sont les possibilités que l’on peut avoir ensuite.
Après l’obtention de votre diplôme, vous avez passé différents concours de la Fonction publique. Quelle voie avez-vous choisie ? Quel poste occupez-vous aujourd’hui ?
En continuité avec ce que je faisais en apprentissage au sein du ministère de l’Intérieur, j’ai passé plusieurs concours, entre autres chef de police municipale, pour lequel j’étais admissible, mais j’y ai vite mis fin puisque j’en avais réussi d’autres. J’ai été admise au concours d’inspecteur du permis de conduire, au sein du ministère de l’Intérieur. J’étais admissible au concours d’attaché territorial mais je n’ai pas réussi l’oral. Ça a été mon tout premier concours celui-là et c’est finalement grâce à cet échec que j’ai su me reprendre et savoir comment je devais me préparer à passer l’épreuve orale. C’est très pratique d’en passer plusieurs. Il est vrai que je voulais l’obtenir, mais je ne regrette pas puisque j’ai réussi et choisi le concours d’attaché d’administration de l’État, qui est très intéressant.
Il s’agit d’un concours de catégorie A dans l’administratif, qui est organisé par le ministère de l’Intérieur et qui permet d’avoir un poste dans un service déconcentré de l’État, en l’occurrence une préfecture. C’était la suite logique de ce que je faisais en apprentissage, car le poste que j’occupais pouvait très bien correspondre à la catégorie A. Avec ce concours, si j’en ai envie, je peux revenir dans les divisions où j’étais et y travailler en tant qu’attachée.
Maintenant, je suis effectivement affectée en préfecture de région dans un service du contentieux. Je rédige des mémoires destinés aux juridictions administratives (le tribunal administratif ou les cours administratives d’appel) pour défendre les dossiers des préfets, mais également réaliser des observations orales dans le cadre des audiences devant le juge administratif ou devant le juge des libertés et de la détention (en matière de rétention administrative). Cela va porter aussi bien sur le droit des étrangers (accès aux titres de séjour, contentieux de l’éloignement par exemple) que sur toutes les questions du droit administratif (débit de boissons, autorisation de chasse, port d’armes, refus de concours de la force publique, permis de conduire, expropriation, etc).
L’avantage de ce concours est que l’on a de belles opportunités professionnelles. Les attachés d’administration de l’État sont un corps interministériel : même si le concours est fait par le ministère de l’Intérieur, je pourrais ensuite faire une demande de détachement sur toutes les autres Fonctions publiques de l’État.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Je vais rester quelques années sur ce poste, je pense qu’il a beaucoup de choses à m’apprendre. Pour moi, c’est bien d’acquérir une certaine expérience et d’évoluer et, pourquoi pas, devenir adjointe ou aller vers un autre service. C’est vrai que j’aime apprendre – c’est ce que j’aimais dans l’apprentissage –, il est fort possible qu’à un moment ou à un autre j’aie envie de changer de domaine, et ce concours s’y prête parfaitement. La Fonction publique a cet avantage : la mobilité !
La question vidéo à Marine : comment la formation en alternance vous a t-elle aidée à atteindre votre objectif professionnel ?
Propos recueillis par Angela Pinzone, décembre 2017 ; revue en juin 2020.