Témoignage de Marion, responsable de projets chez Enedis en alternance. Passionnée de géomatique et décidée à intégrer un master en alternance, Marion a trouvé son bonheur dans le master de géomatique de l’université de Cergy-Pontoise et du CFA SACEF. Côté entreprise, c’est Enedis qui lui a ouvert ses portes et qui l’a embauchée en CDI après son alternance.
Quel parcours universitaire avez-vous suivi ?
Après mon bac, j’ai fait un an à l’IHEDREA, l’Institut des hautes études de droit rural et d’économie agricole, à Paris. Mais ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais, je voulais être dans le développement durable alors que c’était de la gestion agroalimentaire. Du coup, je me suis redirigée vers une licence de géographie, spécialité environnement, que j’ai faite à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. La licence était générale, j’ai eu des cours de géomatique, d’environnement, d’urbanisme. J’ai eu un panel assez complet de ce que pouvait proposer la géographie. Après je me suis redirigée vers la géomatique (pour géographie et informatique) qui, d’un côté, est technique (on apprend les outils de la géomatique) et, d’un autre côté, s’emploie à des fins de recherche, d’analyse du territoire, etc., et c’est ça qui m’intéressait. Du coup j’ai choisi le master de géomatique à l’université de Cergy-Pontoise.
J’ai choisi ce master pour les débouchés : déjà, il était en alternance, donc c’était un grand point positif, il me semblait très professionnalisant. Les autres masters comprenaient des stages, parfois il n’y en avait même pas, ou ils étaient ciblés recherche, et cela ne m’intéressait pas. Là, c’était un des seuls masters en Île-de-France en alternance.
L’alternance a donc été déterminante pour le choix du master…
Oui ! Je voulais un master en alternance, ce n’était pas possible autrement pour moi. J’ai toujours travaillé pendant mes études, je voulais rentrer dans la vie active, l’alternance était donc l’idéal. Mais le choix de ce master n’a pas été un choix par défaut ! J’ai choisi la géomatique car ça me plaisait.
Je voulais aussi un master proche de la réalité des entreprises. Quand on fait un master avec un stage de trois mois, on ne se rend pas vraiment compte de la réalité, du quotidien d’une entreprise. Alors qu’avec l’apprentissage, j’ai travaillé en entreprise pendant un an et demi, j’ai pu gérer plusieurs projets, gérer les délais, c’était plus formateur.
Il me semble que vous avez fait votre alternance dans ces locaux mêmes…
Tout à fait. J’ai commencé ici, chez Enedis, en janvier 2016. Enedis n’a pu me prendre en alternance avant janvier, ce qui fait que j’ai commencé l’apprentissage en entreprise après le début des cours en septembre, et j’ai fini en septembre 2017. J’ai été embauchée juste après.
Quelles missions avez-vous pu mener pendant votre apprentissage ?
J’ai travaillé au service cartographie, le même où je travaille actuellement.
Pendant mon M1, j’ai mis en place le projet de reclassification, nécessaire depuis un décret de 2012 qui demande à ce que tous les gestionnaires de réseaux aient leur réseau bien positionné à 50 cm pour répondre lors de travaux. Ainsi, si par exemple quelqu’un veut terrasser le trottoir, il nous demande les plans pour qu’on lui dise où l’on a du réseau, comme ça il va prendre les bonnes précautions avant de creuser. Je devais retrouver statistiquement quels critères montraient que notre réseau était bien positionné. C’était de la statistique, de l’analyse spatiale du territoire.
Celle-ci a été ma mission principale, mais j’ai fait plein d’autres choses comme de l’animation de réunions ou la réalisation de supports visuels. On m’a vraiment formée à être chef de projet et cadre dans une société. C’était une formation complète en vue d’une embauche future.
En M2, j’ai travaillé sur Linky, sujet d’actualité (rires). On ne s’en rend pas compte, mais Linky permet d’améliorer la cartographie, et c’est sur cette mission que j’ai travaillé : comment on peut connaître notre réseau de basse tension grâce à Linky, au niveau de la conduite du réseau et de la cartographie. J’ai aussi travaillé sur la perception de Linky. Je suis partie du postulat de base qu’un compteur n’est pas pire que le fait de partager ses photos de vacances sur les réseaux sociaux ou le drive. Et mon hypothèse était de savoir si Linky n’est pas refusé parce qu’on nous l’impose. Il y a eu donc une partie sociologie à côté de la partie cartographie et réglementaire, donc c’était très intéressant. J’ai suis allée à la rencontre des communautés de communes, des réunions communales pour échanger à propos de Linky.
Comment cela s’est passé avec votre maître d’apprentissage ?
Ma maître d’apprentissage a été la directrice d’agence adjointe, Alexandra Daoulas, elle était toujours présente, ça s’est très bien passé. Elle m’a bien formée aussi sur des aspects de la mission et des outils sur lesquelles je n’étais pas très à l’aise, par exemple Excel. Mais aussi comment gérer un projet, l’aspect financier, comment payer, comment vérifier les factures. Elle m’a aussi appris à faire du management ; maintenant je gère quatre intérimaires et quatre prestataires, et ça aussi c’est quelque chose qu’on n’apprend pas forcément à l’école. Elle m’a bien aidée pour le mémoire, elle a fait le même master que moi, donc ça aide.
D’ailleurs, c’est comme ça, grâce au réseau, que j’ai trouvé l’alternance. Elle avait mis une annonce sur le forum du master, j’ai postulé, j’ai passé un entretien, comme d’autres candidats, et j’ai été prise. Et après j’ai suivi la même démarche : je ne pouvais pas être maître d’apprentissage car je n’ai pas encore assez d’ancienneté, mais j’ai suggéré à mon collègue de prendre un alternant de mon master l’année dernière.
Et du côté du CFA ? En particulier, comment avez-vous été suivie par votre conseillère professionnelle ?
On ne s’est pas beaucoup vu avec ma conseillère, je ne l’ai pas beaucoup contactée car il n’y avait pas lieu d’être, vu que je n’ai eu aucun problème. Mais ma conseillère a toujours été très sympa, toujours présente aux réunions du master. On en avait deux par an, j’y allais car j’étais déléguée de classe, elle prenait note des retours qu’on faisait par rapport à la formation, elle nous défendait. Le master était très dur, surtout en première année, les apprentis ont eu du mal pendant le premier semestre. Elle nous défendait et nous conseillait pour « s’accrocher » ! Elle a été un vrai soutien, ça fait du bien d’avoir quelqu’un qui soutient les apprentis.
En parlant de vos missions, vous disiez qu’en entreprise vous avez fait des tâches que vous n’aviez pas vues en cours. Que pensez-vous du lien entre les cours à l’école et les missions en entreprise ?
En effet, je n’ai pas vraiment vu de liens. Mais je pense que c’est propre à Enedis, car on utilise des outils internes. Ce que j’ai vu en cours m’a servi : écrire deux mémoires de plus de cent pages en deux ans, forcément, ça apporte de la réflexion et de la méthode. Mais en termes d’outils, je n’ai pas pu vraiment appliquer dans l’entreprise ce que j’ai vu au master. Cela dit, il y a plein de choses qui m’ont servi et me servent, comme le logiciel ArcGIS, que j’ai encore utilisé récemment pour faire de l’analyse spatiale. En même temps, il y a des choses qui manquent dans la formation théorique, comme l’aspect financier ou la gestion de projet, et que j’ai pu apprendre en entreprise.
Mais il y a un vrai plus dans ce master : tous les ans, on passe un concours pour aller à la conférence internationale de géographie qui a lieu aux États-Unis. Dans ma promotion, on a sélectionné quatre étudiants, dont moi, et on est allé à Boston. J’ai pu présenter mon mémoire de master en anglais devant des personnes de toutes nationalités. On nous a payé le voyage, on a pu participer à des conférences sur beaucoup de sujets (il y en avait plus de 1000) et présenter nos projets, c’était très enrichissant.
Aujourd’hui vous occupez donc le même poste…
Oui, j’ai gardé le même poste, c’était dans la continuité de l’apprentissage. J’ai continué le projet de reclassification massive et j’ai pris en charge d’autres missions. Je suis plus présente, je suis cadre, j’ai forcément plus de travail depuis que j’ai été embauchée.
Vous disiez que vous avez eu une formation complète en vue d’une embauche future. Le but de l’apprentissage était donc de vous embaucher ensuite ?
C’est dans les mœurs d’Enedis de prendre des apprentis pour former des jeunes. De plus, l’université de Cergy-Pontoise est à côté, on a recours au vivier local.
Je ne crois pas qu’il était prévu de m’embaucher, il y a eu un besoin après la mise en place du projet de reclassification, j’avais travaillé dessus pendant un an et demi, j’étais formée. J’étais peut-être là au bon endroit au bon moment.
Avez-vous des projets pour l’avenir ?
Ce qui est top chez Enedis, c’est qu’on peut évoluer dans des services qui ne sont pas forcément liés à nos études. D’ailleurs, quand je cherchais un apprentissage, j’avais été prise aussi chez Thales, et j’avais choisi Enedis aussi pour ça. Il faut qu’on soit polyvalent. La cartographie n’est pas une fin en soi. Il y a plein de services et de métiers différents. Donc en termes de perspectives professionnelles, j’aimerai occuper un autre poste à la cartographie et aussi voir d’autres aspects du métier. C’est une chance de pouvoir faire ça, il faut en profiter !
L’évolution chez Enedis n’a pas tardé à arriver : en janvier 2019, Marion est devenue Chef de Pôle Cergy de l’Agence de Données Patrimoniales.